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Reconversion infirmière : De soignante à chauffeur poids lourds grâce à l’ANFH

L’interview d’Infirmière Reconversion

Hier, j’ai rencontré Elisa, ancienne infirmière diplômée d’état, en pleine reconversion pour devenir chauffeur poids lourds. Un parcours de reconversion qui témoigne de sa pugnacité et de sa persévérance pour réaliser son nouveau projet professionnel et passer outre les préjugés. Je te laisse découvrir son virage à 180° (au sens figuré bien sûr, car cela pourrait être dangereux au volant d’un camion 😊) et surtout les aides financières telles que l’ANFH auxquelles elle a pu prétendre alors qu’elle l’ignorait, comme beaucoup d’infirmières qui songent à la reconversion d’ailleurs.

Bonjour Elisa ! Et si tu me parlais de toi ?

Bonjour Anne-Sophie, Et bien, moi c’est Elisa, j’ai 34 ans et 2 enfants et je vis dans le Nord Pas de Calais.

Après un BAC SMS en poche, j’ai fait mes études d’infirmières en Belgique et ai obtenu mon DE en 2009. J’ai ensuite toujours travaillé en France, dans un EPHAD du secteur public, et ce, depuis 11 ans.

Peux-tu nous raconter ton parcours d’infirmière et comment tu as osé passer à autre chose ?

J’ai toujours été très attirée par le monde hospitalier, depuis que je suis toute jeune et je voulais donc y travailler en tant que soignante. Je connaissais aussi assez bien le monde de la route et des transports car une bonne partie de ma famille et mon entourage en faisait partie. Mais étant à l’époque une jeune fille de 17 ans, ma mère m’a rapidement convaincu de faire des études d’IDE et de ne pas me poser plus de questions. Ce que j’ai donc fait et qui m’a très bien convenu pendant plusieurs années. C’est récemment, en 2019, que j’ai eu une vraie prise de conscience, avec un besoin de changement radical de vie. En plus d’une situation personnelle compliquée, les conditions à l’EPHAD se sont fortement dégradées suite à un changement de Direction qui avait pour ordre de faire des économies. Bref, classique !!! : dégradation des conditions de travail, réduction des effectifs, tensions permanentes avec la Direction et par conséquent, répercussions sur le moral des équipes, à commencer par le mien ! Il était temps !

Une femme au volant d’un camion, c’est génial !! Comment es-tu arrivée à cette reconversion ?

Oui, c’est top !

Cela a pris un peu de temps car je ne savais pas comment m’y prendre et surtout à quelle porte frapper pour avoir de l’aide. Après des déconvenues notamment avec le FONGECIF (ce financement est réservé pour les IDE et salariés du privé), je me suis tournée vers l’ANFH (Organisme collecteur pour les agents et IDE du public). C’est là que j’ai repris espoir, en comprenant que j’allais pouvoir être aidée. Ils m’ont vraiment bien accompagné et donné plein de super conseils très précieux : J’ai eu un conseiller dédié qui a monté un dossier avec moi et m’a expliqué que mon employeur n’avait pas la possibilité de refuser ma demande. Ils pouvaient, au pire, demander un report maximum 3 fois, en justifiant un manque d’effectif (ce qui était réellement le cas depuis la coupe franche qu’ils avaient fait, Zut !) et en démontrant les conséquences de mon absence sur le fonctionnement du service (Pour ça, ils ne pouvaient rien dire car une IDE remplaçante allait être financée également par l’ANFH pendant le temps de ma formation).

Une fois le dossier monté, c’est là que j’ai prévenu ma Direction, qui sans aucune surprise ne l’a pas accueilli avec le sourire. Ils ont tout fait pour m’intimider et me dissuader, mais grâce au soutien rapproché de l’ANFH, j’ai pu leur apporter les textes de lois que mon conseiller m’avait transmis pour prouver mes droits et le caractère réel et sérieux de mon dossier.

Après un report de quelques mois, ils ont signé : Victoire, mon nouveau projet pro allait pouvoir débuter et devenir concret.

reconversion après infirmière : chauffeur routier

Concrètement, comment cela s’est-il passé ?

J’ai donc repris une formation pendant 4 mois, avec un mix de théorie et de pratique, pour passer mon Permis C (19 tonnes) et ensuite le permis CE (44 tonnes) tout début 2021.

Mon projet ? Continuer à évoluer ! En mobilisant cette fois mon CPF (compte personnel de formation), j’envisage de me spécialiser pour pouvoir conduire des camions transportant des produits chimiques & réactifs ainsi que des chargements par palettes.

Ce financement dont tu as bénéficié, il te permettait quoi précisément ?

Très factuellement, l’ANFH a estimé mon enveloppe en besoins de formation à 19 000€. Cela comprenait :

  • 100% des frais de ma formation (directement versé à mon centre de formation)
  • 86% de mon salaire pendant 4 mois (versé à mon employeur qui me reversait ce montant chaque mois)
  • 100% de prise en charge du salaire de l’IDE remplaçante à mon poste dans l’EPHAD

J’avais donc une perte de salaire de 14% soit 500€ tous les mois. Ce n’est clairement pas nul mais malgré les concessions qu’il a fallu faire, j’ai conscience d’avoir eu une super prise en charge.

Une autre piste possible dont j’avais discuté avec mon centre de formation poids lourd était de demander un financement de la région, mais je n’ai pas eu besoin de le faire.

Quelles difficultés et obstacles as-tu rencontré pour te reconvertir ?

Le plus gros frein a été celui que m’a mis la Direction de mon EPHAD (ce dont je te parlais), car ils ont essayé de me déstabiliser et de casser mon projet.

Il y a aussi ma famille qui avait beaucoup d’aprioris et qui ne comprenait pas mon choix : « Pourquoi quitter un très beau métier pour un job de bonhomme !? » a été leur réaction. Je les comprends, mais j’étais déterminée, alors je suis passée outre. Ils avaient peur pour moi dans ce milieu quasi exclusivement masculin, et disons-le, parfois bien macho ! 😊

Bref, je me suis sentie seule, mais aujourd’hui mes collègues me demandent le numéro de l’ANFH et sont à leur tour en train de déposer des dossiers !

Au début on te demande « pourquoi tu fais ça ? », ensuite on te dit « mais comment as-tu fait ça ? »

Comment s’est passée la reprise d’études ?

Je ne gardais pas un bon souvenir de l’IFSI et de mes études d’infirmière . Je ne te cache pas que cela n’a pas toujours été très facile, en tant que maman célibataire de 2 filles, de gérer ma formation en parallèle. Il a fallu se remettre à réapprendre par cœur, rester assise toute la journée,… Mais cela me plaisait vraiment et j’étais motivée alors je me suis donné les moyens. Il y avait aussi une super entraide dans mon groupe de formation. J’avais beau être la seule fille, ils m’ont tous très bien accueilli et soutenu, même parfois sur leurs heures de temps libre.

En quoi, tes compétences d’infirmière sont nécessaires à ce nouveau métier ?

Et bien oui, contre toute attente, certaines de mes compétences d’infirmière me sont bien utiles. Notamment, être capable de gérer et apaiser les situations de stress, être à l’écoute de mon client qui me partage ses contraintes ou ses impératifs, savoir garder son calme et son sang-froid quand il y a du retard, des intempéries, des imprévus,….

Enfin, mon côté carré et mon sens de l’organisation acquis en tant que soignante, m’est également nécessaire au quotidien. Même si le contexte n’a rien à voir, il faut être très rigoureux et méthodique pour organiser son chargement, son transport et sa feuille de route,…

Comme quoi, les compétences qu’on développe en tant qu’IDE sont transposables vraiment partout !! 😊

Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ce nouveau métier ?

C’est fou, mais j’aime le fait d’être seule !

J’ai un vrai sentiment de liberté, et d’autonomie pour organiser ma journée. Je n’ai plus le poids de la Direction ou de la CSI qui surveille mon travail en permanence. Je n’ai pas de comptes à rendre (enfin presque 😊).

reconversion après infirmière : chauffeur routier

J’aime aussi la disponibilité que cela m’octroie. J’ai le temps de prendre des nouvelles de mes proches, de passer des appels pendant que je suis sur la route. Je peux appeler mes filles à n’importe quel moment de la journée, et elles aussi, savent qu’elles peuvent me joindre quand elles le souhaitent. C’est dingue, mais je réalise que même en étant parfois à l’autre bout de la France, je suis malgré tout 100 fois plus présente (même intérieurement) pour mes enfants.

Et tout cela se ressent jusque dans ma personnalité : je suis beaucoup moins irritable et mes filles disent même « Maman est plus heureuse »

Quels conseils donnerais-tu aux infirmières qui veulent comme toi entreprendre cette reconversion ?

Je dirais, n’ayez pas peur ! Lancez-vous ! Quel que soit le projet professionnel derrière ! Il ne faut pas hésiter car le niveau de bonheur après est bien plus élevé.

Mon conseil serait aussi de bien se renseigner auprès de personnes qui peuvent vous accompagner, ou même auprès des organismes financeurs directement, et surtout pas auprès de sa Direction. Ils essaient de nous faire renoncer car ils ne veulent pas avoir une IDE en moins, et en plus de cela, ils ignorent souvent les possibilités et recours à notre disposition.

Pour avoir le soutien de l’ANFH, il est important de bien garder le lien avec eux, de montrer sa motivation. Personnellement, j’appelais régulièrement le conseiller qu’ils m’avaient attribué pour suivre l’avancement de ma demande et lui montrer que je ne lâchais pas.

Malgré les obstacles et les concessions financières auxquels j’ai dû faire face, je ne regrette rien : Je le referais les yeux fermés !

En savoir plus sur l’ANFH :

  • L’ANFH est l’Association Nationale pour la Formation permanente du personnel Hospitalier.
  • Elle est réservée aux soignants et personnels de la fonction publique.
  • Elle développe des actions de formation nationales (AFN) et les délégations régionales ANFH mettent à disposition des agents des établissements adhérents des actions de formation régionales (AFR) qui répondent aux priorités régionales (développement de la qualification, accès à la formation, projets de développement ressources humaines…).
  • L’offre de formation régionale complète, est disponible en ligne dans la rubrique publications du site ou sur votre région, onglet services aux établissements.  https://www.anfh.fr/les-offres-de-formation
  • L’ANFH est un Organisme collecteur méconnu, mais qui accompagne et soutient les projets de formations de milliers d’agents chaque année.

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