Aujourd’hui j’ai interviewé Sandrine, ancienne infirmière diplômée d’état et maintenant psychomotricienne. Elle a utilisé une des passerelles possibles quand on est I.D.E, afin de concrétiser et réussir sa reconversion. Je te laisse découvrir son beau parcours et son regard sur son nouveau métier afin de bénéficier de son expérience pour mobiliser cette passerelle…
Salut Sandrine ! Parle-moi de toi ? Qui es-tu ?
Bonjour, Je m’appelle Sandrine, j’ai 38 ans, je vis à Melun et j’ai un fils de 12 ans. Je suis maintenant psychomotricienne depuis 7 ans, à mon plus grand bonheur.
Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Avec plaisir !
Après un Bac STMS, j’ai intégré une école d’infirmière (IFSI) à Lille. J’étais hyper heureuse car depuis très jeune, l’idée de prendre soin des autres m’attirait beaucoup. C’était même le seul métier que je voulais faire, donc j’étais très fière d’avoir été reçue au concours de l’époque. Assez rapidement et même déjà lors de mes stages, je me suis rendue compte qu’entre la perception du métier que je m’étais faite et la réalité, il y avait un gap. Les conditions de travail, les horaires décalés, le temps si limité qu’on peut accorder aux patients (car nous sommes en effectif réduit en permanence) m’ont assez vite fait déchanter. J’ai tenu 6 ans dans des services de Chirurgie, de cardiologie et de gérontologie, puis j’ai progressivement réalisé que je commençais à déprimer, à devenir triste et à venir travailler avec une boule dans la gorge. J’avais moins de 30 ans, c’était le bon moment pour me remettre en question professionnellement.
Comment es-tu arrivée à la psychomotricité ?
Et bien cela s’est fait très progressivement. J’étais à ce moment-là une toute jeune maman et j’étais préoccupée par un léger retard qu’avait mon fils. J’essayais donc de comprendre pourquoi, alors un jour j’’ai lu « 100 idées pour développer la psychomotricité des enfants » d’A. Ignazio (je vous le recommande au passage car on comprend concrètement ce qu’est la psychomot’😊) et je crois que cela a été LA révélation : « Mais c’est ça que j’adooooooorerais faire, en fait !!!! » Même si j’ai eu un 1er gros coup de cœur / déclic comme ça, j’étais quand même très occupée au quotidien et surtout je ne m’autorisais pas à penser à une autre voie professionnelle. Il m’a bien fallu ruminer cette possibilité pendant 1 an avant de vraiment commencer à y réfléchir sérieusement.
Et concrètement, comment cela s’est-il passé ?
Après avoir fait des recherches, j’ai découvert qu’il existait une passerelle en tant qu’IDE qui me permettait de rentrer directement en 2nde année de psychomotricité. Ce que j’ai fait, en passant un examen spécial de fin de 1ère année. Cet examen correspond à la validation des acquis de 1ère année de psychomot’. Pour le préparer, j’avais la possibilité d’assister aux cours de 1ère année de psychomot qui m’intéressaient en tant que candidat libre. J’ai ensuite été reçue et ai intégré l’école de psychomot’ de Lille où j’y ai fait ma 2ème et 3ème année avec beaucoup d’intérêt.
Quelles difficultés et obstacles à tu rencontré pour te reconvertir ?
Ca n’a pas été facile de préparer l’examen car en parallèle de mon travail d’IDE, j’essayais d’adapter mes jours de gardes pour pouvoir suivre certains cours de psychomot’ qui étaient clés pour préparer l’examen, même si je n’y étais pas obligée. Je posais parfois des RTT ou des congés payés à la ½ journée. J’ai aussi sympathisé avec quelques élèves qui me passaient leurs cours, ce qui m’a bien aidé. Assez dur, mais une fois lancée, j’étais hyper motivée pour intégrer cette nouvelle école.
Comment s’est passé la reprise d’études ?
Et bien contrairement à toute attente, très bien. Je n’étais pas très à l’aise à l’école d’inf. car toujours l’impression d’être trop cadrée ou de devoir rendre des comptes. A l’inverse, j’ai adoré les cours en école de psychomotricité et chaque stage m’a conforté dans l’idée que ce nouveau métier était le bon pour moi et ma personnalité.
Comment as-tu financé tes études ?
Je me suis financée seule au début et ensuite j’ai fait une demande de bourse que j’ai obtenue pendant 2 ans. Cela ne remplaçait clairement pas mon salaire d’I.D.E., mais cela m’a permis quand même de bien réduire certains frais, en plus de quelques missions ponctuelles d’intérim certains week-end.
Quelles sont les compétences nécessaires à ce métier selon toi ?
Je dirais qu’avant de parler de compétences, il faut surtout l’envie ! Ensuite, moi j’adorais les soins relationnels en étant IDE, et je retrouve en grande partie du temps pour l’écoute et l’empathie dans ce métier, pour comprendre les spécificités de chaque patient. Il faut une vraie capacité à rentrer en contact avec les gens.
Dans quel cadre exerces tu ? Et quelles sont tes activités au quotidien en tant que psychomotricienne ? Tu peux nous donner quelques exemples ?
Je suis à l’hôpital depuis ma sortie de diplôme. Je prends en charge des patients adultes comme enfants qui présentent des troubles psychomoteurs liés notamment à des difficultés psychologiques. Nous construisons un projet thérapeutique ensemble et je réalise ensuite des séances de (ré)éducation qui peuvent être collectives ou individuelles. Cela peut porter sur le mouvement, l’action, la communication, les émotions, l’équilibre, la mémoire ou les représentations… tout cela pour favoriser et renforcer la conscience corporelle et réduire les troubles.
Qu’aimes-tu le plus dans ce nouveau métier ?
Beaucoup de choses, mais surtout le suivi que semaine après semaine de mes patients que je vois évoluer et progresser. Je n’avais pas de suivi sur le long terme avec mes patients en tant qu’IDE, ils étaient hospitalisés 1 semaine, on les remettait un peu sur pied, et ils repartaient chez eux, nous n’avions plus jamais aucune nouvelle. Là, je peux vraiment constater que c’est mon accompagnement qui les aide de façon très concrète dans leur quotidien.
Quels conseils donnerais-tu aux infirmières qui veulent comme toi entreprendre cette reconversion ?
Mon seul et unique conseil est très clair. Il peut être très précieux de récupérer les cours dispensés cette année-là en 1ère année de psychomot’. Car les examens portent directement là-dessus donc peuvent différer d’une année sur l’autre (s’il y a un changement de professeur par exemple) et d’une école à une autre. Demander à d’anciens étudiants peut aider mais cela peut différer pour certaines matières.
En tant qu’infirmière, notre présence en 1ère année de psychomot’ n’est pas du tout obligatoire, mais je le conseille fortement pour s’imprégner de certains sujets clés. Sans ça cela peut être assez difficile d’y parvenir.
Résumé de la passerelle Infirmière à Psychomotricienne :
- Diplôme : Une seule voie est proposée aux IDE pour exercer ce métier paramédical : le diplôme d’État de psychomotricien
- Texte de loi : Arrêté du 7 Avril 1998 – Article 25 « Sont dispensées de la première année d’études en vue du diplôme d’Etat de psychomotricien les personnes titulaires des diplômes suivants et ayant obtenu une moyenne générale de 10 sans note inférieure à 8 à un examen écrit portant sur le contenu des modules théoriques de première année : …. les personnes titulaires d’un diplôme d’Etat d’infirmier ou d’infirmière »
- Modalités pratiques : Concrètement, avec cette passerelle pour les I.D.E., il faut passer un examen spécial de 1ère année : il se déroule sur quelques jours (comme le Baccalauréat) et regroupe tous les modules et enseignements vus en 1ère année de psychomotricité. Les autres étudiants « classiques » qui ont réussi le concours d’entrée en 1ere année passent ces évaluations, n’ont pas en condensé sur quelques jours, mais en contrôle continu
- Spécificités par écoles : Toutes les écoles de psychomotricité ne disposent pas de cette possibilité d’accueil d’infirmières directement en 2nde année, faute de places disponibles. Il faut donc se renseigner dans chaque école.
- Liste des écoles : Il existe 14 écoles de psychomotricité en France : Alençon, Hyères IFPVS, Lille, Lyon, Meulan-Les Mureaux, Paris VI Pitié-Salpêtrière (APHP), Paris & Marseille ISRP, Rouen, Toulouse, Mulhouse, Bordeaux et Saint-Pierre de La Réunion
- Débouchés : Une fois diplômé, le psychomotricien peut exercer aussi bien à l’hôpital qu’en clinique, en maison de retraite ou en cabinet de ville.
- Rémunération : Le salaire mensuel brut d’un psychomotricien à l’hôpital est compris entre 1 867€ en début de carrière et 3 115€ en fin de carrière.
- En savoir plus (1), Pour lire en détail le texte légal qui traite de cette passerelle, c’est ici : Arrêté du 7 Avril 1998
- En savoir plus (2), Pour découvrir d’avantage ce métier, c’est ici : Fiche métier sur l’activité de psychomotricien.